S’il devait y avoir un consensus sur Un Illustre Inconnu, ce serait que le film ne laisse pas indifférent. Dans son nouveau long-métrage, Matthieu Delaporte nous emmène sur le terrain de la quête d’identité. Sébastien Nicolas est ce que l’on peut appeler un illustre inconnu : trentenaire, comptable, mangeant un plateau-repas devant sa télé. Une vie qui serait des plus banales s’il n’avait pas chez lui un atelier où il créé des masques afin de se grimer en parfait inconnu auparavant pris en filature.
Dans nos sociétés modernes, les thématiques de la foule, de l’existence et de l’anonymat sont des plus pertinentes. Un Illustre Inconnu pose la question du moi, de l’existence dans un monde où l’individualisme prône et où chacun vit sans faire attention à l’autre. Comment s’affirmer, se démarquer ? Échapper à un quotidien tout tracé que l’on remet en question trop tard ?
La question du masque est omniprésente. Au sens propre comme figuré, Sébastien Nicolas en porte un chaque jour. Son quotidien, une chorégraphie parfaitement exécutée, qui l’ennuie profondément, semble l’avoir rattrapé. Il le subit. Il est le reflet de chacun, condamné à jouer des rôles en société. Un theatrum mundi à double-tranchant, qui à la fois l’étouffe mais dont il se sert pour usurper l’identité des autres.
C’est un thriller existentiel que nous livre Delaporte. Tout le long, le spectateur ressent le suspens, que ça va mal se terminer sans savoir comment. Un univers décalé, un film atypique où Mathieu Kassovitz joue les deux rôles principaux, comme un écho à son illustre inconnu d’anti-héros.
Le monde entier est un théâtre
Et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs
Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles
W. Shakespeare
Fiona Chalom