C’est un coup de cœur que nous vous proposons cette semaine: Mademoiselle, thriller du réalisateur coréen Park Chan-Wook, connu notamment pour l’horrifiant Old Boy.
Bienvenue dans la Corée des années 30 sous l’occupation japonaise. Un escroc fait engager une jeune servante coréenne (Sookee) au service d’une riche japonaise (Hideko). En se liant d’amitié avec Hideko, la servante doit la convaincre d’épouser l’escroc, qui devient le temps de la combine un comte japonais influent. Par la suite, l’escroc se chargera de faire passer « Mademoiselle » pour folle afin de s’en débarrasser et empocher sa fortune tout en laissant un petit pécule à Hookee.
La riche japonaise vit recluse dans un manoir, sous l’autorité d’un mystérieux oncle qu’elle est censée épouser ; sous ce toit, l’atmosphère est inquiétante, les jeux sont troubles et les bibliothèques recèlent des livres très particuliers…
C’est beau, c’est bien réalisé et ça fait plaisir
La plus belle marche pour entrer dans un film, c’est l’esthétique. Sur ce point, Mademoiselle n’a pas à rougir, loin de là. Indubitablement, chaque plan est extrêmement soigné, la composition est toujours harmonieuse, et même si l’on exagèrerait en disant que chaque image est sublime, on est directement happé dans la Corée des années 1930 grâce à la beauté immersive du film. De plus, les décors et les costumes sont parfaits, ce qui ajoute à la vraisemblance et facilite l’entrée dans l’œuvre.
La réalisation reste relativement classique mais certains passages sont stylistiquement mémorables. Vous vous êtes toujours demandé comment conférer une dimension érotique à un soulagement de rage de dent entre deux femmes ? Et bien la réponse est dans une scène plutôt intéressante du film.
C’est l’avantage d’un cinéma coréen qui sait encore nous surprendre par l’audace d’un mouvement de caméra et la surprise d’une transition originale. C’est une goulée d’air frais parmi les grandes productions américaines et les comédies françaises qui ne brillent pas toujours par l’originalité de leur réalisation.
Pas le temps de s’ennuyer !
Le cœur du film, c’est bien l’intrigue. Il s’agit d’un thriller diablement bien mené. Laissez-vous aller dans la sécurité de votre fauteuil, tout commence dans la simplicité, tout est limpide puis ça s’épaissit jusqu’à enfler démesurément. Tout se fait écho, l’histoire est remarquablement bien ficelée et le rythme parvient à maintenir l’attention. On ne voit pas les 2 heures et 25 minutes s’écouler.
Pas de répit du coté de la narration, pas de linéarité, ce serait trop simple ; tout le film est un chemin tortueux dans lequel chaque virage est parfaitement négocié. C’est une narration perverse comme l’oncle amateur de Sade que vous découvrirez (vous avez hâte, hein ?).
Louis de Lavarène