Respire, le deuxième long métrage de Mélanie Laurent, plonge le spectateur au cœur des rapports passionnels entre femmes. Ce n’est pas un film sur l’amitié mais sur l’amour : celui qu’une fille porte à sa mère presque par pitié, celui d’une mère prisonnière de son époux irrespectueux et surtout celui d’une adolescente de terminale envers sa nouvelle camarade de classe.
Dès leur rencontre, Charlie (Joséphine Japy) et Sarah (Lou de Laâge) deviennent fusionnelles. On se projette facilement dans nos années de lycée avec sa meilleure amie. Rien de très surprenant jusqu’ici, Mélanie Laurent respectant ainsi les codes d’un film sur les ados – filmé sous un angle très « bohème ».
Pourtant, l’histoire bascule lorsque les deux amies partent en vacances ensemble. La tension monte. Les personnages livrent une part plus sombre d’eux-mêmes – jalousie, rancune, moqueries – ce qui conduit le spectateur à s’interroger sur la suite des événements. Et c’est là que Mélanie Laurent a perdu le contrôle. Les scènes se succèdent et les personnages agacent : Sarah devient malsaine et machiavélique, sans raison concrète, tandis que Charlie subit et pardonne tout – à l’image de sa mère. On assiste impuissant à une sorte de bizutage toléré par le personnage principal (Charlie) ce qui en devient presque insupportable. Mais pourquoi ne se rebelle-t-elle pas ? Eh bien, parce qu’elle est passionnément amoureuse/obsédée de/par Sarah.
Finalement, le véritable défaut de ce film est le fait que le psychologique, voire le pathos, prend le dessus sur l’intrigue. C’est pourquoi la chute de Respire peut en étonner certains car elle est digne d’un bon thriller (et non d’un drame) – surprenante, violente, directe – ce qui ne correspond pas au reste du long métrage. On aurait espéré un peu plus d’événements perturbateurs pour y donner plus d’épaisseur. Néanmoins, Respire reste un film à voir ne serait-ce que pour la beauté et la fraîcheur des deux actrices, véritables espoirs du cinéma français.
Marie Heileman