Pitch : Quatre journalistes du Boston Globe formant une équipe d’élite appelée « Spotlight » découvrent au début des années 2000 que plusieurs prêtes auraient violé de jeunes enfants sans être poursuivis ni condamnés , grâce à l’aide de l’Eglise et de ses puissants soutiens.
Inspiré de faits réels, le film met en image l’incroyable enquête qui valut à ses journalistes le très prestigieux prix Pulitzer.
Redorer le blason de la presse à travers une histoire aussi vraie qu’incriminante pour « les brebis galeuses » de l’Eglise aka les prêtes violeurs , c’est le pari qu’a réussi à relever le réalisateur de Spotlight Tom McCarthy. Le film est tout de même nommé aux oscars dans les catégories meilleur film, meilleur scénario original et meilleur montage.
Déjà éblouie par The Visitor sorti en 2007, il n’était pas difficile d’imaginer Tom Mcarty comme l’un des meilleurs réalisateurs de sa génération. Saviez-vous qu’il avait également participé au scénario de l’incontournable Pixar Là-haut ?
Critique qui commence très élogieusement vous me diriez certes… mais Spotlight raconte l’histoire difficile et critique, d’une manière tout aussi précise que palpitante. On ne tombe pas dans le pathos, les journalistes ne sont pas des caricatures. Il n’y a pas de musique sombre et tragique toutes les cinq minutes, ni dix scènes de victimes pleurant à chaudes larmes ou de longs discours sur la vie personnelle des héros. Néanmoins, on est pris par l’intrigue, et on a hâte de connaître mes détails de cette sombre affaire. Ce film se déroule sous nos yeux, comme si on lisait l’article du journal lui-même en direct, seulement un peu plus vivant, et à peine plus romancé.
Quand le voyage est aussi important que la destination…
Les premiers rôles sont excellents. On réalise à quel point ces acteurs sont performants quand on oublie que ce sont des acteurs, et pourtant, difficile d’imaginer des ténors comme Mark Ruffalo, Rachel McAdams , comme monsieur et madame tout le monde… Et pourtant ils se confondent totalement avec leur personnage. Le film se compare presque à un documentaire, comme dit précédemment. Il ne laisse pas place à des cris de rage ou à des scènes de pleurs dignes de Titanic ou Du Choix de Sophie qui pourraient valoir à ces acteurs l’oscar… Et pourtant Mark Ruffalo a été nominé en tant que meilleur acteur dans un second rôle et Rachel macadams également…
A ce casting ; cinq étoiles se rajoute : Michael Keaton qui revit cinématographiquement parlant depuis Birdman , Liev Schreiber, John Slattery ou encore Stanley Tucci. Toute l’équipe est facilement identifiable, on reconnaît tout de suite les acteurs, et pourtant au bout de cinq minutes on oublie qu’ils ont joué dans Mad Man , le diable s’habille en Prada ou encore Salt.
Filmé dans les vrais bureaux de l’équipe du Boston Globe à Dorchester, l’équipe a dû se familiariser à l’accent Bostonien, ainsi qu’aux mimiques et habitudes des journalistes. Dans de nombreuses scènes, on ressent une réelle alchimie entre les protagonistes, leur complicité professionnelle est très crédible.
De nombreux films se sont déjà attaqués à suivre des enquêtes de journalistes. Qui n’a pas vu Les hommes du président ou encore l’excellente série the Wire?
Donc bien sur : il faut aimer ce genre de film, les thrillers terre à terre, les énigmes, l’éclairage d’une justice lente et rigoureuse… à l’inverse de The Big Short , Spotlight relate une histoire vraie mais il le fait de manière très sombre, voire avec quelques longueurs. Mais ces longueurs démontrent le travail rigoureux et difficile que peut être celui des journalistes. Pas de grandes bastons, ni d’histoires rocambolesques à la House of Cards. L’histoire se déroule au rythme des recherches sans concessions sur la difficulté du processus. Pour apprécier ce film, il faut vraiment y voir un travail de documentaire, plutôt qu’un film hollywoodien qui décoiffe à chaque scène.
Si le filon des histoires vrais fait rage en janvier Joy, The big short, free love … celui-ci sort du lot, car personne n’est outrageusement victimisé, personne . On pourrait dire que ce film se confond avec un documentaire. Il n’y a pas de parti pris, le film n’en profite pas pour faire l’inquisition de l’Eglise, mais les faits sont là et les prêtres violeurs bel et bien blâmés. Que l’on soit pro-catholique , athée, homophobe , ce film ne peut que toucher. Le travail des journaliste ne peut que être reconnu, ainsi que la liberté et l’indépendance de la presse.
Et si certaines histoires n’ont que pour portée de faire pleurer dans les chaumières ou voir des gens inventer le fil à couper le beurre, une telle histoire comme Spotlight ne laisse pas indifférent. A la sortie du film on ne peut que réfléchir sur la place de l’Eglise dans ces viols, sur l’importance de l’indépendance et du financement des journalistes.
Comment est-ce possible que l’Eglise ait un fond spécial prévus pour les viols de leurs prêtres… comment les policiers, les juges, les victimes ont pu laisser faire cela…
Est ce que l’émergence des pure-players pourrait permettre de telles enquêtes aujourd’hui?
L’Eglise n’est pas le seul coupable épinglé dans l’histoire : les avocats, les policiers, les politiques, tous ceux liés aux institutions, au pouvoir, et l’argent dérapent, se protègent les uns les autres. Même les journalistes ne sont pas totalement blancs dans cette histoire. Il faut du temps et du courage pour arriver à faire éclater la vérité, pour ébranler les institutions et les personnalités influentes qui excusent leurs écarts de conduite, et c’est cette enquête longue d’une année qui le démontre.
Pour ma part, j’estime ce film très réussi, car on ne ressent pas ( que ce soit à tort ou à raison )que les journalistes ne fassent ça que pour la gloire, l’argent et parce que l’Eglise a toujours été le bouc-émissaire idéal.
Ce film sonne juste, il sonne vrai.
Donc pas de feux d’artifices , juste l’éclairage de la réalité, de la vérité ….
Fanny Dolléans