François Bizot a 24 ans quand il arrive au Cambodge en 1965. Alors qu’il travaille à la restauration des temples d’Angkor, cet anthropologue français, spécialiste du bouddhisme, est capturé par les Khmers rouges. Accusé d’être un agent à la solde de la CIA, Bizot est conduit dans un camp d’internement dirigé par Douch qui deviendra le directeur du centre d’interrogatoire de Tuol Sleng (S21). Il est finalement relâché par son bourreau convaincu de son innocence.
Plus de 20 après « Indochine », Regis Wargnier, revient aux relations conflictuelles qu’a entretenu la France avec l’Asie du sud-est pendant le protectorat. Il signe cette fois un film bien plus aseptisé, sans pouvoir restituer la puissance dramatique de cet effroyable épisode historique. Seule la prestation de Raphaël Personnaz rattrape ce biopic quasi documentaire. “Je dois ma vie à un homme qui en a exécuté des milliers d’autres” déclare Bizot dès les première minutes du film. A force de vouloir capter la beauté aride du Cambodge, le réalisateur ne fait qu’ébaucher ce face-à-face qui oppose le français à son geôlier. On ne ressent finalement pas les émotions et sentiments contradictoires qui unissent ces deux hommes malgré eux, entre l’idéalisme pragmatique du bourreau et l’incompréhension romantique de la victime.
S’attaquer au génocide cambodgien était un pari difficile. C’est pourquoi la retenue du cinéaste à filmer des scènes de violence en devient presque dérangeante. Il est grand temps d’avouer que ce film ne vaut pas le magnifique Indochine qui mettait en scène Catherine Deneuve et Vincent Pérez.
Raphaël Londinsky