Damián Szifron nous présente dans Les Nouveaux sauvages, son deuxième film, plusieurs chroniques sur la société argentine d’aujourd’hui. On voit dans chacune d’entre elles comment des personnes, à priori bien sous tout rapport, peuvent complètement disjoncter. C’est le retour à l’état sauvage de chacun des protagonistes de ce film, du musicien maudit qui détourne un avion, aux mariés de bonne famille qui font face à l’hypocrisie de la situation. Le contrat social qui veut que l’on aide son prochain, ou au moins que l’on ne nuise pas à sa liberté, est rompu. On assiste à des situations souvent loufoques, comme lorsque deux hommes disputent leur virilité sur une route déserte. Il est difficile d’en parler sans révéler la chute de chacune de ces petites chroniques, plus ou moins longues, et plus ou moins abouties.
Produit par Pedro Almodovar (c’est écrit tellement gros sur l’affiche qu’on croirait qu’il l’a réalisé), le film possède cet humour caustique, parfois presque cynique que l’on retrouve parfois dans les dialogues du célèbre réalisateur espagnol. Le premier sketch qui prend l’allure d’un huit clos en avion fait d’ailleurs un clin d’œil à son dernier film, Les amants passagers. Cependant, Les nouveaux sauvages n’est pas à la hauteur, notamment techniquement, d’un Almodovar. Le film fait sourire, parfois même rire de par l’absurdité de ces scénettes. Il faut admettre d’assister à une succession de sketches pour pouvoir apprécier pleinement le film, qui se laisse regarder avec beaucoup de plaisir.
Vittoria Durand.