Fleur bleue, professeur Rogue ? Il semblerait que oui. Alan Rickman, dont le talent d’acteur n’est plus à prouver, a en effet laissé libre cours à un romantisme très britannique dans sa seconde œuvre en tant que réalisateur. Kitsch, sucré à la limite de l’indigestion, le film l’est. Mais il fait aussi preuve d’un humour anglais qui donne l’impression de ne pas se prendre au sérieux. C’est peut-être comme ça qu’il faut le prendre, comme une comédie sur laquelle Alan Rickman s’est fait plaisir. Le film amuse parce qu’il est presque ridicule mais on finit par se demander si la surenchère n’est pas voulue, et rien que pour ça on passe un bon moment, en se moquant gentiment.
On ne peut pas reprocher aux acteurs d’être mauvais, mais d’en faire un peu trop. Kate Winslet, tout en regards fuyants et mèches rebelles, est une jeune botaniste terrassée par un drame personnel – le flashback rappelle les plus grandes heures des Feux de l’amour. Face à elle, Le Nôtre, jardinier du roi, est joué par un Matthias Schoenaechts aux cheveux longs qui va lui redonner goût à la vie. Alan Rickman campe le Roi Soleil, emperruqué mais capable d’humanité. A partir de là, tout est dit.
La première moitié du film est plutôt prometteuse, et on ne peut enlever au réalisateur un travail incroyable sur les décors et les costumes, sublimes sans être pompeux. Retour sur la construction – épique – des jardins de Versailles, le film offre une ode à la nature, certes plus proche du jardin anglais que des parterres équilibrés. Mais très vite, on bascule dans une mièvrerie qu’Hugh Grant n’aurait pas reniée. Une scène sous l’orage semble même rappeler un célèbre duo dont le paquebot s’est pris un iceberg… Mais une fois de plus, on ne peut s’empêcher de rire. Et l’humour anglais, souvent employé par notre professeur de potions préféré, ressemble beaucoup à de l’autodérision assumée. La scène d’amour – spoilons pour la bonne cause – est quasi hilarante tant elle se joue des clichés.
Si vous n’aimez pas les films en costumes et les déclarations enflammées, passez votre chemin. Pour ceux qui préfèrent un Matthias Schoenaechts plus animal, De rouille et d’os est une bonne option émotion. Kate Winslet, sans les mèches folles est sidérante dans Les noces rebelles. Et pour tous, l’intégral d’Harry Potter saura vous réconcilier.
Clara Fornairon