Oubliez tout ce que vous pensez savoir des séries policières, les interrogatoires musclés et les serial killers en pagaille : Brooklyn 99, série américaine créée en 2013 et dont la troisième saison est actuellement en cours de diffusion sur la Fox, est avant tout une sitcom. Dans le nine nine, les policiers sont confrontés aux affres de la paperasse administrative et les cambriolages mineurs et actes de vandalisme sont plus fréquents que les meurtres sordides. À plusieurs reprises, le monde de la police tel qu’il est fantasmé à la télévision ou au cinéma fait d’ailleurs l’objet de clins d’œil ironiques -lorsqu’il est question, par exemple, de l’art de savoir bien retirer ses lunettes de soleil une fois arrivé sur la scène de crime -.
Mais si la série se conforme avec brio aux codes de la sitcom, grâce à ses situations surréalistes et ses répliques cinglantes, elle a le mérite d’aller au-delà. Ses personnages sont emblématiques de ce dépassement. S’ils semblent dans un premier temps répondre à des stéréotypes (Jake, le policier prodige mais puéril, Rosa la badass au blouson de cuir, Amy la madame-je-sais-tout…), ils gagnent tous au fil des épisodes en profondeur et en intérêt, et ce tout en conservant leur potentiel comique. Remarquable également, la façon dont la série réussit à évoquer sur le ton de la dérision nombre de problématiques sociales et politiques auxquelles doit faire face la police américaine, comme le racisme, l’homophobie, ou encore la menace des coupes budgétaires.
Toujours pas convaincu ? Michael Schur, co-créateur des séries cultes The Office et Parks and Recreations est aux manettes de la série… et Eva Longoria fait une apparition savoureuse le temps de quelques épisodes dans la saison 2.
Estelle Naud