Le nouveau film de Guillermo del Toro, très attendu des fans du Labyrinthe de Pan (2006) ou de L’échine du diable (2001), est troublant. L’atmosphère XIXe siècle se prête à cette romance gothique débutée sur le Nouveau Continent. Edith Cushing (Mia Wasikowska), jeune écrivain fantasque, est visitée par le spectre de sa mère : “Prend garde à Crimson Peak”. Dans le même temps, elle rencontre Sire Thomas Sharpe (Tom Hiddleston), un jeune homme à la beauté magnétique venu du Vieux Continent. Irrésistiblement attirée par ce mystérieux prétendant qui sait la comprendre, elle ne prend pas garde aux réticences de son ami d’enfance, le docteur Alan McMichael ( Charlie Hunnam). Cependant, le père d’Edith découvre qui est vraiment ce jeune lord et veut l’empêcher de partir avec sa fille. Il n’en aura pas le temps…
Guillermo del Toro a créé un décor à couper le souffle autour d’Allerdale Hall , le manoir anglais de la famille Sharpe. Juchée sur une carrière d’argile rouge, l’impressionnante demeure est hantée par d’obscure secrets de famille concentrés autour de Lucille( Jessica Chastain), la sœur de Thomas, qui y vit aussi. Au sein de ce trio dérangeant, l’amour tourne bientôt à l’hystérie. Ce film à gros budget impressionne par la qualité de ses décors grandeur nature, de son esthétique soignée qui mélange les genres. L’intrigue oscille en effet entre la romance gothique, le fantastique et le gore, faisant tour à tour sursauter et rire le public. Même si ce n’est peut être pas l’effet escompté, les cadavres sanguinolents peuvent prêter à sourire tant l’effet qu’ils produisent est excessif ! Ce mélange entre rire, amour et angoisse fait cependant la force du conte. L’intrigue aurait pu néanmoins se dérouler de manière plus énigmatique pour être à la hauteur de l’univers fantastique et éblouissant qui est façonné. On peut en effet aisément anticiper une partie de l’histoire, et de manière un peu trop classique, toutes les énigmes sont résolues à la fin du film. Peut être était-ce pour prouver que la beauté de ce film d’horreur suffit à faire de Crimson Peak une œuvre remarquable ?
Marie-Sophie Listre