À première vue, Piper Kerman n’a rien d’une criminelle. Jeune bourgeoise très propre sur elle, son arrivée dans le milieu carcéral laisse perplexe. Et pour cause, on est bien loin du cliché du voyou – masculin – couvert de tatouages, souvent un peu plus bronzé et surtout très badass. C’est d’ailleurs précisément pour cette raison qu’elle a décidé de raconter cet épisode de sa vie dans un ouvrage qui a fini par inspirer une série Netflix. Orange is the New Black raconte donc en premier lieu l’histoire de Piper Chapman; sa relation avec la sulfureuse Alex interprétée par Laura Prepon, les problèmes qu’elle rencontre avec son fiancé resté en dehors de la prison, et par-dessous tout sa survie dans un milieu qui lui est extrêmement hostile. Car Chapman représente tout ce que la plupart des autres prisonnières n’ont jamais connu. Elle a vécu la douce vie des suburbs et est « college educated »(i.e., elle est allée à l’université). Cela seul suffit à la couper hermétiquement de cette « white trash » avec laquelle elle n’a rien en commun et qui est pourtant, dans une prison passablement « auto-ségréguée », son groupe prédestiné. Au-delà de ce seul personnage, la série peint des portraits d’une sensibilité toujours saisissante. Chaque épisode effectue un ou plusieurs retours dans le passé de prisonnières que l’on connaît depuis plusieurs semaines déjà, à qui on s’attache souvent, mais dont on ne sait finalement que peu de choses. Par leur diversité en matière d’origines, d’âges ou encore d’orientations sexuelles, c’est un véritable panorama de cette Amérique féminine, exclue de la société et toujours courageuse que nous offre Orange is the New Black. Avec en prime une certaine dose d’humour, bienvenue dans une ambiance qui n’est pas toujours joviale…
Mariem Diané