Narnia Le Lion, La Sorcière Blanche et l’Armoire Magique fait partie des films de Noël par excellence. Un récit d’apprentissage, des enfants perdus dans un monde féerique, des castors qui parlent : que demander de plus ? Le père Noël en personne passe même délivrer des cadeaux à la petite famille Pevensie à un moment du film. Ceux qui ont eu la patience de lire jusqu’au bout les sept tomes écrits par C.S. Lewis, dont sont adaptés les films de la saga cinématographique, savent que Narnia est une allégorie chrétienne. Cela conduit à regarder d’un œil plus averti l’arrivée du papa Noël comme le signe du retour du Bien dans le royaume ainsi que le récit de rédemption de Edmund Pevensie (un petit Judas si on remplace les pièces d’argent par une boîte de loukoums). Mais vous pouvez tout à fait faire fi du sous-texte et vous concentrer plutôt sur l’esthétique du film, très plaisante. Le soin accordé aux décors, aux costumes, est louable – il y a quelque chose de bluffant à regarder le désert enneigé du royaume, parcourue à toute vitesse par une Tilda Swinton plus glaçante que jamais. L’animation des bêtes, quelles soient des créatures mythologiques comme des faunes ou des minotaures ou de plus classiques renards et castors, est également très réussie. Tant mieux car ces dernières jouent un rôle essentiel dans l’intrigue – ce sont elles qui peuplent Narnia après tout. On pourrait peut être lire un autre sous-texte dans le fait qu’elles soient destinées à être gouvernées par des humains, mais non : mieux vaut faire comme les Pevensie, se contenter d’être surpris par les branches d’arbres qui chatouillent le dos au détour d’un placard, puis émerveillé par ce nouveau monde qui s’offre à nous.
Estelle Naud