The Get Down, une série entre rêve et réalité

En ce début d’année nouvelle et cet hiver glacial, j’avais envie de partager avec vous l’une des meilleures surprises de l’été 2016, histoire de vous réchauffez un peu. Le 12 août 2016, Netflix a mis en ligne la première partie saison 1 de la série The Get Down, crée par Baz Lurhmann et Stephen Adly Guirgis. Cette série made in Netflix prend place à New-York, plus particulièrement dans le Bronx, à la fin des années 70. À travers un groupe de cinq adolescents, c’est la genèse du hip-hop et les plus belles années du disco qui nous sont données à voir.

La magie d’un scénario entre fiction dramatique et historicité culturelle

Si vous avez déjà vu un film de Luhrmann, comme Moulin Rouge ou Roméo + Juliet, vous savez que le réalisateur aime à nous raconter de grandes et belles histoires (d’amour en général) tragiques tout en sachant y mêler la dose parfaite de rire et de légèreté. Le scénario de The Get Down s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Nous sommes amenés à suivre Ezekiel (Zeke pour les intimes), Dizzee (interprété par Jaden Smith), Boo-Boo et Ra-Ra dans un South-Bronx en crise mais rythmé par la bonne humeur du quartier/ghetto. Ce groupe d’ados fait ainsi la rencontre du mystique Shaolin Fantastic, qui en plus de devenir leur ami va les initier au hip-hop sous la tutelle du célèbre Grandmaster Flash et leur faire découvrir le fameux “get-down”. Enfin, c’est sans oublier la belle Mylene (prononcé “Mayleen” à l’américaine, ce qui rend le personnage encore plus sexy) qui s’apprête à devenir la reine du disco tout en faisant chavirer aussi bien le cœur de Zeke que celui des spectateurs. C’est dans un quartier en proie à la pauvreté et à l’abandon que l’on voit ces ados encore insouciants et pleins de sincérité se confronter aux questions intemporelles de la jeunesse : premier amour, avenir professionnel, pression familiale, amitié, premières expériences, quête de soi… Ces personnages nous touchent donc, parce qu’ils sont jeunes et sincères, mais également très drôles. Le scénario repose ainsi sur une tension constante entre drame et légèreté, comme le montre aussi bien la scène de préparation de Zeke pour Les Infernos, une boîte de nuit où il compte bien retrouver Mylene, que celle où cette dernière lui brise royalement le cœur. Bien que l’intrigue ne soit pas très profonde, c’est la naïveté du scénario, la mise en scène constante des sentiments et un casting de jeunes acteurs prometteurs qui accrochent le cœur du spectateur.

Cependant dans The Get Down, la naïveté caractéristique de Lurhmann est vite contrebalancée et complétée par l’aspect historique de la série. En effet, même si le réalisateur joue sur les stéréotypes de l’adolescence, il le fait tout en respectant un ancrage fort dans une période : le Bronx des années 70. Pour jouer avec la réalité d’une des époques les plus difficiles de l’histoire new-yorkaise moderne, le scénario fait tout d’abord intervenir des événements majeurs comme la canicule et le black-out de l’été 1977. Mais, au delà des événements, ce sont de véritables figures historiques qui viennent croiser le chemin des êtres de fiction. On retrouve par exemple l’ancien maire de New-York, Ed Koch, qui utilisera Zeke pour sa campagne. Le personnage historique le plus marquant que l’on voit dans la série reste sans doute Grandmaster Flash, le véritable créateur du hip-hop. On le voit ainsi au fil des épisodes prendre sous son aile Shaolin Fantastic et Zeke pour leur apprendre les rudiments de cet art naissant en leur faisant relever des défis parfois un peu mystiques (ou comment un crayon violet Crayola peut révolutionner la musique). L’historicité culturelle de la série se retrouve jusque dans les vêtements des acteurs, des marques tel que Puma, Converse ou Levis n’ayant pas hésiter à reproduire des pièces originales de leurs collections d’époque spécialement pour la série. La collaboration de spécialistes, comme le journaliste Nelson George, et d’artistes comme le véritable Grandmaster Flash, Kool Herc et Nas, le tout ajouté au travail de recherches de Lurhmann (qui travaille sur ce projet depuis 2006), permet une série riche et complète, jusque dans sa B.O parfaite où l’on retrouve Dona Summer, Janelle Monae, Nile Rodgers, Jaden Smith et Herizen Guardiola (aka Mylene) pour ne citer qu’eux.

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Une mise en scène sous tensions

The Get Down s’impose donc dès le départ comme une fresque à la fois visuelle et musicale. Traversées par le disco et le hip-hop, les images parviennent elles-mêmes à trouver leur rythme. C’est dans ce rythme que l’on retrouve d’ailleurs la marque du réalisateur qui maîtrise aussi bien le montage rapide que l’art du ralenti. Nous sommes embarqués dans un flux d’images incessant, comme si toutes les séquences s’enchaînaient dans une harmonie visuelle parfaite. Le jeu sur le rythme est réellement au centre de cette série. On le remarque dès le premier épisode, lors de la scène où Shaolin Fantastic vole un vinyle très rare chez un disquaire et est poursuivi par l’un des gangs du quartier. Vient alors une course poursuite effrénée et intense au cœur du Bronx, rythmée par les ralentis, en particulier lors des cascades, et les gros plans. Par cette incroyable maîtrise du rythme, Lurhmann parvient ainsi à transformer une scène à priori banale ou classique en un moment réellement spectaculaire qui vient finir sa course sur le toit des bâtiments partiellement enflammés.

Même en s’emparant d’un format nouveau, le réalisateur sait parfaitement y inscrire sa marque de fabrique. Son goût pour les scènes grandioses, en particulier les scènes de fêtes, se retrouve dès le premier épisode. En effet, le spectateur pénètre avec Mylene et ses copines dans le club Les Infernos pour assister (voire même participer) à une pure soirée disco, concours de danse à la clé. Les couleurs, les mouvements, les costumes, la musique, la lumière : tout est réuni pour nous plonger dans l’ambiance et nous électriser, comme si on y était. La tension narrative au cœur cette scène est parfaitement accompagnée par des images qui allient la fluidité des mouvements de caméra aux gros plans et aux ralentis, le tout sur un rythme endiablé jusqu’à l’apothéose de la soirée. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire qui a gagné le concours ou si Zeke a réussi à pécho Mylene…

Enfin, pour finir de vous parler de la réalisation de The Get Down, j’aimerais revenir sur les mouvements de caméras qui m’ont parus le plus symbolique dans cette série. Les plongées et les contre-plongées sont récurrentes au fil des épisodes. En un instant, la caméra, les personnages et le spectateur peuvent prendre de la hauteur pour se retrouver plaquer au sol l’instant d’après. Ces moments de vertiges, qu’ils soient subjectifs ou non, viennent nous rappeler l’écart entre rêve et réalité qui constitue le cœur de la série. Ce parallèle est partout : les aspirations et les rêves de ces ados se voient compromis par la difficulté de leur quotidien, l’élévation sociale semble parfois impossible, la politique nous est montrée dans son ambivalence entre corruption et volonté de faire le bien, etc. Les personnages tendent sans cesse à s’élever, contemplant depuis les toits du Bronx le cœur de la ville qui ne dort jamais, mais se voient brutalement obligés de garder les pieds sur terre. L’écart rêve/réalité est encore plus frappant du fait de la composition visuelle de la série : au fil des épisodes, de véritables images d’archives viennent croiser les scènes spectaculaires et l’esthétisme de Lurhman. La réalité vient toujours rattraper la fiction, donnant ainsi toute sa force à la série.

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En bref, que vous soyez fan de hip-hop, de Baz Lurhmann ,de documentaires, de rap, de Netflix (and chill), de disco, de fictions, de belles brunes muy caliente, de New-York, ou tout simplement de séries, vous ne pouvez pas passer à côté de The Get-Down. En attendant la suite de la saison 1 courant 2017, je vous conseille de vous enfiler les six épisodes en une nuit, comme si c’était un super film au rythme effréné, c’est le meilleur moyen de vous réchauffer.

 

Welcome to the get-down

 

 

Mathilde Kubiak