Comme un conte de fée qui n’en finit pas, Xavier Dolan nous embarque une nouvelle fois dans une extraordinaire aventure, celle de Matthias et Maxime. Un coup de fouet aux relations amicales mais aussi amoureuses où le réalisateur et acteur québécois se met pour la quatrième fois en scène.
Avec Dolan tout commence par un synopsis sommaire…
Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.
Sur le fond, me direz-vous rien ne change ! Dolan fait du Dolan et s’attire les foudres de ses plus fidèles détracteurs. Sur la toile, la réussite du film est contestée ; certains trouvent qu’il tourne en rond et vire vers le nombrilisme incarné. Pour d’autres, l’entre-soi quasi permanent ne les convainc plus. Cependant, bien plus qu’une éternelle balade digne de la Nouvelle Vague, Matthias et Maxime interroge et questionne notre rapport à l’amitié, l’amour mais aussi à l’acceptation de soi, même après 30 ans.
Une énième balade Dolanienne salvatrice
Malgré tout, pour beaucoup Matthias et Maxime résonne comme la résurgence du phénix Dolan. Après deux films considérés comme ratés par la critique – à vous d’en juger – le réalisateur renaît avec un long métrage prosaïquement ordonné. À la manière d’un tote-bag, Dolan fait de ce film un fourre-tout mêlant amitié, amour, sexualité, disputes, si bien que lorsque le générique de fin débute un sentiment d’amertume se crée.
Une mélancolie douce exacerbée par une BO fracassante qui vient bouleverser les fans inconditionnels des histoires de la vie et du temps long. Matthias et Maxime c’est la promesse, d’un amour impossible entre deux amis d’enfance brillamment incarnés par Xavier Dolan et le sulfureux, Gabriel D’Almeida Freitas. Tiraillés entre l’amitié et l’amour, le réalisateur québécois ne nous plonge à aucun instant dans le côté “pathos”de l’acceptation de soi. Loin de militantisme, l’homosexualité n’est pas ici abordée de manière tragique et dramatique, seul l’amour semble primer, et ça fait du bien ….
Une partition sans fausse note
Concernant la bande originale, Xavier Dolan n’a pas eu beaucoup de chemin à faire pour trouver le compositeur, puisque c’est son voisin qui s’en est chargé. Le pianiste et compositeur, Jean-Michel Blais a été réquisitionné à sa grande surprise pour composer et transcrire la partition dictée par le réalisateur. Ainsi, comme un voyage à travers les années, la musique parfois électrisante, émouvante ou encore festive nous emmène dans les émotions de toute la bande de trublions. Le jeune réalisateur canadien, n’est pas à l’abri d’y avoir glissé quelques pépites, dont une bien française !
Alors si toi aussi, tu as comme l’envie de tout cesser et de te laisser aller à des soirées fumantes et alcoolisées entre amis, Matthias et Maxime est sans aucun doute l’incontournable de tes longues soirées d’hiver. Entre rires et larmes, cette belle histoire donne du baume au coeur.
Antonin Bodiguel