En ces périodes de fêtes hivernales, quoi de mieux que le dernier né des studios Pixar, Coco, pour réchauffer nos cœurs ?
Coco germe dans l’esprit d’Adrian Molina et de Lee Unkrich il y a six ans et est pensé comme une ode à la culture mexicaine, colorée et musicale. Le pitch est presque cliché : on suit les aventures de Miguel, garçon qui rêve de devenir mariachi dans une famille détestant la musique, lors du Jour des Morts. Si le début du film, qui pose les bases de l’histoire, peut s’avérer assez convenu, il montre déjà la grande qualité de l’animation. C’est cependant lors du passage dans le Royaume des Morts que le film prend toute sa dimension et nous plonge dans un voyage initiatique et intimiste autour des valeurs de la famille et de l’oubli, mêlant comme Pixar le fait si bien les moments de joie et de désespoir.
Fourmillant de détails, aux couleurs chatoyantes et chaudes, le film plonge le spectateur dans une contemplation et un émerveillement de chaque instant qui fait du bien aux pupilles, après une année riche en blockbusters fades teintés de diverses nuances de gris. On retrouve également tout le folklore mexicain et la mythologie aztèque dans une imagerie néanmoins convenue, véhiculant par exemple toujours cette idée d’un peuple mexicain pauvre mais joyeux, cliché lui-même récurrent des télénovelas. Un autre hic, peut-être tout subjectif, à savoir les chansons, qui restent assez plates, plutôt dommage pour un apprenti musicien. L’action est néanmoins très bien dosée sans aucune baisse de rythme et on apprécie les moments propices à la contemplation.
Côté histoire, Coco est très ouvert et peut même s’avérer assez labyrinthique en multipliant twists et sous-intrigues. Reste la thématique très marquante de l’oubli après la mort : le Jour des Morts, les ancêtres reviennent dans leurs familles en passant une frontière et un pont, or quelqu’un dont le portrait n’est affiché chez aucun membre de sa famille disparaît ensuite lui-même du monde des Morts. Cette seconde disparition cause un certain effroi, car à l’entrée dans le royaume des Morts, on apprécie ce monde chatoyant et burlesque ayant l’air plus drôle que le réel, avant d’en découvrir non seulement l’existence des bas-fonds et de cette même hiérarchie sociale que dans le réel, mais en plus cette notion d’oubli total. On retrouve donc le tour de force habituel des films Pixar, qui, en abordant des thématiques dures mêlées à des moments d’émerveillement, arrive à contenter les enfants comme les adultes. La question de la subtilité peut être remise en question vers la fin, tire-larmes assez facilement, et qui peut marcher ou non sur le spectateur – dans ma salle, l’ambiance s’est tout de suite calmée pour n’entendre plus que des reniflements et des bruits de mouchoir.
Quant à la question de l’accueil du film, c’est un réel engouement au Mexique, où il est sorti seulement quatre jours avant la fête des Morts. Avec une recette de plus de 40 millions au box-office mexicain, il s’agit du plus grand succès national de tous les temps pour un film d’animation, dans un pays où le ticket de cinéma coûte presque une journée de salaire moyen. Les critiques en parlent comme d’un film véhiculant une image positive de la culture mexicaine, chose importante alors que les tensions liées à la frontière s’aggravent suite aux prises de position de Donald Trump. Le film est aussi un succès au box-office mondial et redonne goût aux productions Pixar qui avaient connu un coup de mou avant de rebondir avec le succès Vice Versa.
Charlotte Grunewald
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