La BO soul ultime : The Commitments d’Alan Parker, 1991
Alan Parker est connu et reconnu pour ses films musicaux : Fame (1980), The Wall (1982), Evita (1996) ; parmi eux mon préféré : The Commitments.
En 1991 cet autre film, à la B.O. soignée, se passe à Dublin (prononcez « Döblin », couleur locale oblige), où un groupe de jeunes irlandais un peu paumés veulent faire de la soul, de la vraie, comme les ricains.
Il faut se dire que dans les années 70 puis 80, la musique anglaise met moins tout le monde d’accord que dans les glorieuses années 60, Le Royaume Uni est séparé entre ceux qui écoutent le hit-parade et ceux qui, gominés et hautains, les regardent d’un air consterné et écoutent de la musique américaine, infiniment meilleure que « that shit on the radio » (prononcez « shoït » pour faire comme l’autochtone).
En témoigne par exemple le mouvement Northern Soul dans ces années 70, durant lesquelles, dans le nord de l’Angleterre, certains refusent les styles naissants de la scène londonienne et ne jurent que par le vrai « Motown sound » américain de la décennie précédente. Ils guettent les arrivées de vinyles des États-Unis, parfois des faces B ou des singles obscurs inconnus au bataillon dont personne ne veut sauf eux ; qu’ils attendent avec autant d’impatience que des soldats loin de chez eux attendraient un largage de vivres et de munitions.
Mouvement génial et sur lequel je vous conseille un autre film : Northern Soul de Elaine Constantine.
Mais 10 ans plus tard, le héros de The Commitments, Jimmy Rabbitte ne veut pas se contenter d’écouter de la soul, il veut en faire.
L’une des meilleures scènes du film est quand, suite à son annonce dans les journaux, des musiciens défilent sur son palier, à qui il claque la porte au nez d’un air atterré parfois rien qu’en regardant leurs vêtements de hippie ou leur blouson à clous.
« – C’est quoi tes influences musicales ?
– Euh… U2 ?
– T’as pas honte ? » Vlam !
Il trouve finalement sa bande, qui lui fait remarquer quelques obstacles : ils ne sont pas américains, et ils ne sont pas noirs non plus.
Ce à quoi il leur rétorque dans une tirade vibrante et magistrale que la soul, ça se passe à l’intérieur, que le rythme de la soul c’est le rythme de l’usine et le rythme du sexe, que c’est le rythme de leur quotidien, et que le Dublin sale et populaire du début des années 80 n’a rien à envier aux pires bas-fonds des États-Unis ; la soul, c’est de la galère mise en musique, eux sont en galère, donc ils vont faire de la soul. Voilà.
Il se charge aussi de leur éducation :
Wilson Pickett pour les rugissements, Otis Redding pour les gémissements, et Aretha Franklin pour les deux en même temps.
Amen !
La B.O., donc, compile des classiques absolus et parfaits de la soul américaine : c’est un bonheur total pour le fan, et une parfaite introduction pour le néophyte.
The Commitments est un film très drôle, complètement culte, plein d’accents irlandais à couper au couteau, de rugissements devant des micros, de choristes aux voix de velours ; un film donc à voir, et surtout à écouter.
Une B.O. unanimement approuvée, la preuve quand l’ancien joueur d’orgue de l’église enrôlé dans le groupe va se confesser : « Mon père, j’ai honte, j’ai changé, avant sous la douche je chantais l’Ave Maria, maintenant je chante When a Man loves a Woman de Marvin Gaye…
“- Mauvais, mon fils, mauvais.
– Pardon ?
– C’est pas Marvin Gaye. C’est Percy Sledge. J’ai l’album. “
Bande-annonce :
Ambre Chalumeau