La saison 5 de Game of Thrones s’est achevée le 14 juin dans le sang, les larmes et la désillusion. Retour sur ces épisodes qui ont changé la face du monde.
La confrontation est-ouest annoncée en teasing a bien eu lieu, les cartes ont été redistribuées, et la promesse qu’aucun personnage n’est à l’abri d’une mort violente confirmée… Si nous nous plaignions de la lenteur du début de saison, la deuxième moitié s’est rattrapée avec son lot de scènes toutes aussi marquantes les unes que les autres. Le viol de Sansa tout d’abord, qui a fait couler beaucoup d’encre. La bataille contre les marcheurs blancs, grandiose, épique, et pour laquelle la production a sorti le grand jeu. Le meurtre de Shireen par son propre père, et qui ne lui aura pour le coup absolument pas porté chance. Le retour de Drogon, qui entre majestueusement dans l’arène et tombe à pic, au moment où Daenerys et ses amis semblent promis à une mort certaine. La marche de la honte de Cersei, horriblement gênante, et qui promet une vengeance qui retentira jusqu’à Qarth. Le meurtre de Jon enfin, achevé par ses frères de la garde, rancuniers au point de poignarder leur chef, leur ami. Nous n’avions pas été si choqués depuis le red wedding, personne ne s’en est réellement remis, le monde ne sera plus jamais le même. Nous y reviendrons plus loin.
Certaines intrigues, desquelles nous attendions plus, n’ont pas su rassasier l’appétit vorace des fans en manque de meurtres et d’émotions. L’arc dornien, par exemple, aurait pu être bien mieux exploité, avec notamment des Sand Snakes au rôle prometteur (et au jeu catastrophique) mais qui n’auront, au final, servi à rien, Ellaria s’étant chargée seule de mener sa tâche à bien. En réalité, Dorne c’est beau, mais c’est chiant, un peu comme Sansa dans les trois premières saisons.
Arya, quant à elle, après de longues scènes durant lesquelles nous nous demandions bien où tout cet entrainement pouvait mener, est parvenue à ressusciter notre intérêt du moment où Meryn Trant a mis les pieds à Braavos. Le meurtre de celui-ci, particulièrement sanglant (mais mérité), nous mène à nous questionner sur la santé mentale de la jeune fille, qui risque bien de finir en une meurtrière sanguinaire prête à jouer dans le prochain Tarantino. Jaqen H’ghar lui fait comprendre qu’elle est très loin de devenir no one, et la punie en lui ôtant la vue. Il apparaît comme probable que cette situation ne soit que temporaire, mais dès lors qu’Arya deviendra réellement personne (si elle y parvient), qu’adviendra-t-il de sa liste ? Quel intérêt d’avoir un personnage qui ne ressemble en rien à ce que l’on a connu, et qui n’obéirait qu’aux règles des sans-visages, loin des intrigues de Westeros ? Cette hypothèse semble peu plausible, et le devenir de la jeune Stark demeure un mystère. Nous ne pouvons pas en dire autant de tous les personnages.
En effet, les derniers épisodes ont constitué une véritable hécatombe de meurtres. La rébellion à Meereen aura décimé une bonne partie des gens présents dans l’arène, y compris le futur mari de Daenerys qui n’aura, à l’image des Sand Snakes, servi strictement à rien. La bataille contre les marcheurs blancs aura décimé une bonne partie des sauvageons, y compris un nouveau personnage qui n’est apparu que le temps d’un épisode mais qui aura marqué les esprits de sa présence, Karsi, une jeune femme charismatique assassinée par une horde de marcheurs blancs enfants, puis transformée en l’un des leurs. Il se murmure qu’elle pourrait revenir dans la prochaine saison.
Quant à l’épisode 9, il n’a pas failli à sa réputation, en nous livrant les cris déchirants de la jeune Shireen brûlée sur le bucher à l’initiative de ses propres parents. Sa mère, pour la première fois depuis le début de la série, fera montre d’amour envers elle, mais malheureusement trop tard. Ne supportant pas la culpabilité, elle se suicidera. Les scénaristes ont choisi, pour cette scène comme pour celle du viol de Sansa, de ne pas montrer l’horreur mais de la laisser entendre. Après mille gros plans sur des têtes décapitées et autres membres arrachés, les fans de la série ont développé une certaine impassibilité face à la violence. Cette fois, les cris de Shireen comme ceux de Sansa nous glacent le sang.
Le dernier épisode aura lui délivré son lot de morts pour les trois prochaines saisons. Lannister, Baratheon, Stark (oui, disons que c’est un Stark), aucun puissant n’est épargné. La jeune Myrcella, qui dans un moment d’émotion qui aurait eu sa place dans le monde magique de Walt Disney avoue à Jaime savoir qu’il est son père, meurt dans les bras du Prince Charmant, empoisonnée par la méchante veuve. Quant à Myranda, la maitresse de Ramsay à peu près aussi cinglée que ce dernier, elle provoque le réveil de Theon, qui se détache enfin de l’emprise de son maitre en la lançant par-dessus le balcon de Winterfell dans un mouvement emprunté à Jaime Lannister. Nous l’oublions parfois mais Theon est l’un des rares personnages toujours vivant présent depuis le début de la série. Sa fuite avec Sansa signe son retour, car il avait depuis quelques temps disparu au profit de Schlingue. S’ils parviennent à se relever de leur chute de trente mètres (d’accord, il y a la poudreuse, mais tout de même), nous nous demandons où ces deux-là vont bien pouvoir aller, n’ayant plus aucun allié dans tout Westeros. Rejoindre la team Daenerys aux côtés de l’ancien mari de Sansa ? Partir à la recherche de Bran et Rickon ? Retrouver Brienne ? Nous pourrions spéculer longtemps sur ce sujet, mais à ce stade aucun indice ne nous est laissé.
Quant à Stannis, il apparait maintenant clairement qu’il n’aurait pas fait un bon roi. Comment pourrait-on en effet prendre de pires décisions que les siennes lors des deux derniers épisodes ? Il commence par tuer sa fille sur les conseils d’une prêtresse pyromane, puis envoie son armée au front face à des hommes deux fois plus nombreux et dotés de chevaux. Ils n’en feront bien sûr qu’une bouchée, et c’est Brienne qui viendra rendre un peu de justice dans ce monde de brutes en l’achevant d’un coup d’épée (du moins, c’est ce qui est laissé entendre). Ce personnage, peu présent lors de cette dernière saison, risque de prendre une autre ampleur lors de la prochaine. En effet, elle est tout d’abord l’une des seules à garder un cœur pur, non corrompu, et à faire montre d’une fidélité à toute épreuve. Si elle n’a pas oublié de venger Renly après tout ce temps, nous pouvons présumer qu’elle en fera de même pour Catelyn Stark, et protègera ses filles (du moins Sansa, Arya semblant désormais en mesure de se défendre par ses propres moyens). Ce qui pourrait constituer pour elles un allié de taille car, en plus d’être une guerrière émérite, Brienne possède l’une des rares épées forgées avec de l’acier Valéryen. Et maintenant que nous savons que c’est un moyen très efficace de tuer les marcheurs blancs (et surtout, que l’on sait à quoi ressemblent les marcheurs blancs sur un champ de bataille), avoir une Brienne déterminée à nous protéger au prix de sa vie apparaît clairement comme un bon plan. Ces zombies de glace approchant, viendra un moment où les petites intrigues à la sauce Littlefinger deviendront bien futiles, et où Brienne et son épée risquent de jouer un rôle plus important que celui auquel elles ont eu droit cette saison.
Daenerys, après s’être enfuie sur le dos de Drogon en ayant laissé ses petits copains face à une véritable mutinerie (nous ne savons d’ailleurs pas comment ils s’en sont sortis, ces derniers apparaissant tranquillement posés dans la salle du trône lors de l’épisode suivant), fait face au caractère compliqué de Drogon qui n’a pas l’air décidé à rentrer à Meereen, mais surtout à une arrivée massive de Dothrakis. Première réaction : que font-ils là ? D’où sortent-ils ? Quelle place vont-ils prendre au sein d’une intrigue déjà bien alambiquée ? Avons-nous vraiment le temps de nous préoccuper d’eux ? Une armée de tueurs de glace arrive sur Westeros, winter is coming, Jon Snow est mort…
Après ce décès et celui de Stannis, Daenerys apparaît désormais comme la seule capable de détrôner les Lannister. En plus d’avoir une légitimité à gouverner, une expérience en tant que souveraine à Meereen et trois dragons qui ne seront pas de trop pour dégommer les marcheurs blancs, elle possède des alliés de taille en les personnes de Varis et Tyrion. Celui-ci est devenu the hand of the queen, et nous pouvons dire que nous aimons assez l’idée de voir ce duo gouverner.
La palme de la scène la plus gênante de la saison, voire de la série, voire de l’histoire de la fiction, revient à celle où Cersei est forcée de déambuler nue, les cheveux coupés, dans toute la capitale, suivie par le personnage le plus troublant que l’on ait jamais vu scandant « SHAME ! SHAME ! SHAME ! » au milieu d’une foule incarnant à la perfection le terme plèbe. Si Cersei est une manipulatrice sans cœur responsable de la mort de nombreux personnages (RIP Oberyn), de l’exil de son frère Tyrion, et surtout d’avoir amené cette secte religieuse dans King’s Landing (c’est ce que l’on appelle un véritable retour de bâton), nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir très, très mal pour elle, et de désirer plus que tout au monde la mort de ces puritains. Cela nous aura en tout cas permis d’apprendre que La Montagne est toujours vivant, et qu’il est prêt à venger sa reine. Laquelle, après avoir vécu la plus terrible des humiliations, apprendra bientôt que sa fille est morte. Et là, un Drogon déchainé crachant des flammes dans une arène risque de faire pale figure à côté de la fureur de the queen regent.
Certains personnages ont, eux, disparu des radars cette saison, comme Bran, Rickon, Osha et Hodor, dont nous ne savons toujours pas ce qu’il est advenu, ou si nous les verrons la saison prochaine. Ce sera peut-être au tour d’autres personnages de disparaitre, comme Sam et Gilly, qui sont partis pour la Citadelle.
Si le viol de Sansa et la mort de Shireen ont provoqué un tollé chez les fans, les dernières minutes de la saison auront tout balayé d’un revers de main. Après avoir survécu à une bataille contre les marcheurs blancs, après avoir connu une ascension fulgurante, passant de simple bâtard à Lord Commandant de la garde de la nuit, c’est par ses propres frères qu’il se fait poignarder dans une scène qui en aura laissé plus d’un bouche bée. Jon, Jon Snow, fils de Ned, frères des Stark, valeureux guerrier, au charme aussi destructeur que son épée, Jon est mort, achevé par ce moustique d’Olly. Mort d’avoir tendu la main à l’ennemi. Mort d’avoir été plus intelligent que les autres en faisant face à la menace. Mort d’avoir eu trop de cœur. Valar Morghulis. Les meilleurs partent toujours les premiers. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Si le public sait que tout homme doit mourir, s’il est habitué à voir les siens partir, cette mort nous a achevés. Mais que faisait Ghost à ce moment ? Beaucoup spéculent déjà sur une possible résurrection, orchestrée par Mélissandre et ses tours de pyrotechnie. D’autres encore affirment qu’il deviendra un marcheur blanc. Personne ne semble pouvoir accepter cette perte. Il paraît pourtant vain de se projeter dans une hypothèse si peu probable. Si cela doit arriver, tant mieux, mais chez Cinepsis, nous préférons nous résigner. Tout ce que nous nous demandons maintenant, c’est comment allons-nous bien pouvoir passer une autre année sans Westeros et ses habitants ?
Nous pouvons du moins affirmer que cet épisode 10, aussi triste et choquant soit-il, était magnifiquement écrit. Un scénario parfaitement ciselé, des scènes qui marqueront pour longtemps, la production nous surprend toujours autant, en nous offrant un résultat d’une qualité qui ne faiblit pas. Plus que trois cent jours à attendre pour la suite…
(Pour patienter, vous pouvez toujours lire les récurrentes critiques de Cinepsis sur notre site.)
Fiona Chalom
