La loi du marché est un film brut, aux allures de documentaire (la plupart des acteurs ne sont pas des professionnels comme les caissiers et vigiles du magasin). Sans musique ni artifices, le film offre une vision très réaliste voire naturaliste de la situation professionnelle de Thierry, joué par le (toujours) remarquable Vincent Lindon.
Récemment licencié de sa boîte pour raisons économiques, nous sommes témoins de sa recherche d’emploi, de sa remise en question et du parcours du combattant qui l’attend. Résigné dès la première scène, Thierry dénonce l’absence de logique dans les démarches administratives et formatrices proposées par pôle emploi. La scène de l’entretien Skype ou celle du coaching sont révélatrices du décalage qui existe entre les recruteurs et les candidats, menant à des dialogues souvent incongrues voire navrantes. Nous suivons aussi Vincent dans sa vie privée : le quotidien de son fils handicapé moteur, ses cours de rock et la vente de son bungalow.
La force de ce film réside dans la simplicité des faits racontés et dans l’absence d’artifices. Stéphane Brizé a délaissé tout le pathos et la pitié qu’aurait pu engendrer un film concernant ce sujet. Et c’est pour cette raison qu’il nous atteint comme une onde de choc, qui vient par vagues. Tout est brut et semble vrai, et nous sommes emportés dans les méandres des situations cocasses dans lesquelles Thierry se trouve. L’absurdité du monde du travail français est dénoncée sans jugement sévère mais au contraire, de manière presque objective, conférant au film toute son intensité.
Pénélope Montazel