Parfois, l’importance que prend un film ne tient qu’à une image, une scène, un personnage, ou l’évidence d’une chanson, qui achève de l’inscrire profondément dans nos têtes et nos cœurs. Dans Le Départ du cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, il est question d’une course de voitures, de petites combines, d’un livreur de perruques, d’un défilé de maillots de bain, d’un miroir à vendre, et d’un amour possible. On se déguise, on joue, on tente sa chance, on prend des risques, on mange des noix, et on court beaucoup. Les multiples péripéties de Marc, interprété par Jean-Pierre Léaud, rythment une quête mi-romantique mi-burlesque dont le spectateur finit bien vite par oublier le but. Ce qui captive c’est l’agitation frénétique d’un grand enfant dont les désirs se transforment malgré lui, le décalage et l’imaginaire que sa silhouette singulière produit dans la société qui l’entoure.
Au sein d’une bande originale jazz très rythmée signée Krzysztof Komeda, se détache un morceau chanté par Christiane Legrand, la sœur du célèbre compositeur Michel Legrand. Une ritournelle à la mélancolie infinie qui entrelace d’une façon déconcertante douceur bienveillante et trivialité sans fard, jusqu’à parvenir, de manière insidieuse, à nous émouvoir intensément.
Cette chanson ouvre le film, mais accompagne également une scène centrale aux splendides jeux d’éclairage et de noir et blanc. Une fin de nuit muette au Salon de l’automobile…
Mathilde Guitton