La Bataille des cinq armées – l’ultime volet de la saga Le Hobbit – signe pour Peter Jackson la fin de ses péripéties tolkiennes (auxquelles il aura tout de même consacré 13 ans et 6 films).
Périlleuse était l’entreprise d’adapter Bilbo le Hobbit, un roman de 300 pages en trois films de 3 heures. Et pourtant, Un voyage inattendu, le premier de cette saga promettait une adaptation digne du Seigneur des anneaux. Contrairement à l’atmosphère sombre et violente du Seigneur des anneaux, Le Hobbit nous transposait dans la parenthèse temporelle d’un joyeux conte, à l’atmosphère enfantine, légère et merveilleuse tout en conservant la dimension épique qui nous faisait frissonner dans la première trilogie.
Malgré des effets spéciaux et une 3D irréprochables, la trame narrative de ce troisième volet fait défaut : Peter Jackson se heurte aux limites de l’adaptation du grand petit roman de Tolkien.
Le film débute, sans aucune transition, là ou le précédent s’arrêtait net, dans une logique marketing évidente et agaçante de teasing. Ainsi les 15 premières minutes du film – spectaculaires par ailleurs – parachèvent La Désolation de Smaug.
Puis le scénario s’étire autour d’un seul événement-bataille, avec la Montagne isolée comme quasi unité de lieu. On regrette alors ce Peter Jackson qui auparavant nous faisait voyager dans les multiples contrées de la Terre du Milieu.
La Bataille des cinq armées semble être un film «pont» entre Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux. Il multiplie les références à ce dernier en se dégageant de l’atmosphère fantaisiste que nous promettait le premier Hobbit, pour se rapprocher de l’ambiance héroïque qui caractérisait la première trilogie. C’est un film de l’entre deux, qui malgré quelques scènes frissonnantes (la sensation de puissance que dégage Saroumane lors de son combat contre les nazguls) ne parvient pas à trouver son registre.
Ainsi, ce film qui débute par une fin et qui se conclut par le début de La Communauté de l’anneau, ne se justifie, dans cette longue saga, que par une bataille longue d’une heure et demi durant laquelle le visuel remplace le récit : Peter Jackson nous illumine de ses prouesses techniques pour tenter de combler un néant scénaristique.
Timothée Gutmann