Le film documentaire Les Nouveaux chiens de garde, sorti en 2012, traite d’un sujet encore et toujours d’actualité : la connivence des médias avec la sphère politico-financière en France. Ce documentaire, réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, tire son nom d’un livre édité quelques décennies plus tôt (1932) par Paul Nizan : Les Chiens de garde. L’expression désigne ici les intellectuels (philosophes, écrivains) qui se prétendent intellectuellement indépendants, alors que pour l’auteur, ils ne font que soutenir des valeurs morales et socio-économiques bourgeoises. C’est sur le même schéma de dénonciation d’une indépendance illusoire que s’appuie le documentaire.
En effet, le réalisateur prend le parti d’une critique sans concession des revendications d’indépendance, d’objectivité et de pluralisme des médias actuels. Le documentaire met avant tout en avant l’interdépendance de la presse et des grands groupes financiers du CAC40 qui la détienne d’un côté ; et de l’autre, la proximité sociale et idéologique des journalistes et des membres de la sphère politique et financière. Deux mondes – journalistes et politiques – qui se réclament pourtant d’une éthique de l’émancipation des pressions financières.
La critique est féroce. Le ton de la voix off, le plus souvent ironique, rend les faits plus frappants et plus condamnables. Le format est dynamique grâce à l’enchaînement d’images d’archives, d’images actuelles et de commentaires de spécialistes des médias. Ce film est ainsi un documentaire non seulement agréable à regarder, mais aussi nécessaire pour ouvrir les yeux sur la réalité de la sphère médiatique et sur les enjeux que représente la maîtrise de l’information sous un régime démocratique.
La liberté de la presse existe-t-elle vraiment ? La leçon que l’on peut induire de ce film documentaire est sans aucun doute d’aiguiser notre sens critique à l’égard des médias et de l’information qu’ils nous délivrent.
Julie Andreotti