Loin des hommes retrace la rencontre fortuite entre un instituteur vivant tranquillement dans l’Atlas, Daru, et un jeune agriculteur qui a tué son cousin, Mohammed. Celui-ci doit être jugé par la police française au moment où la guerre éclate entre les nationalistes algériens et le pouvoir d’État français. Daru est chargé par les gendarmes d’amener le coupable à Tinguit afin qu’il soit jugé.
Daru est un personnage travaillé, assez réussi, puisqu’il évite les clichés de l’homme seul et vertueux : il n’est pas moralisateur et n’est pas érigé en homme exemplaire ni en héros par la mise en scène. En effet, la simplicité est le mot d’ordre de ce film. La relation entre les deux hommes est bien exploitée, on ressent, au fur et à mesure de leur chemin, la complicité qui s’installe et à laquelle s’allie une sorte de fraternité. Leur route/itinéraire est parsemé de contemplation de paysages et de rencontres fortuites, parfois dangereuses. Le contexte historique est dépeint en toile de fond, traité avec plus ou moins de justesse, décrivant les tensions et les injustices du conflit.
Contrairement aux deux personnages, le film peine à trouver sa voie : la lenteur du film et la relation entre Daru et Mohammed ne parviennent pas à créer l’alchimie qui a lieu dans ce genre d’épopée humaine. Même si la fin est plutôt convaincante et cohérente avec le reste du film, on a l’impression qu’il manque quelque chose, que l’œuvre n’est pas aboutie.
Pénélope Montazel