The Riot Club est un film très esthétique. Les hommes, d’abord, sont beaux. Le stylisme semble là pour les magnifier, soulignant subtilement des corps de champions d’avirons. La caméra glisse et s’attarde sur une bouche boudeuse ou une mâchoire carrée, tout droit sorties d’une publicité pour un parfum masculin. La BO, discrète, s’attache à produire un fond sonore élégant. Le montage est impeccable, les acteurs indéniablement doués. Mais au-delà de l’esthétisation dont il fait preuve, le film de Lone Sherfig déçoit par le sentiment « d’inachevé » qu’il produit chez son spectateur.
Tiré d’une pièce de théâtre, Posh de Laura Wade, qui signe aussi le scénario, The Riot Club ressemble beaucoup à une publicité, et ce malgré le talent de ses comédiens. Et d’ailleurs, la plupart ont posé pour une célèbre marque britannique de trenchs… Sam Claflin offrait une belle occasion de dessiner un personnage duel, cadet jaloux vivant dans l’ombre de son frère, mais semble se heurter aux limites du scénario. Pâtissant de ce manque de profondeur, il exaspère sans parvenir à séduire. On regrette aussi un peu le manque de figures féminins, malgré la douceur de Holliday Grainger. Le personnage interprété par Max Irons, fils de Jeremy, est le seul à offrir un peu d’épaisseur, déchiré entre l’envie de faire partie d’un groupe et la honte face à ses débordements. En définitive, The Riot Club est une œuvre esthétiquement très efficace mais ne parvient pas à faire entendre des idées qu’il ne semble qu’esquisser. S’attaquant à une vieille Angleterre percluse d’inégalités et sourde au progrès, il fait pourtant preuve d’une violence qui empêche de réfléchir.
Je ne saurais alors que trop vous conseiller An Education, deuxième film de la réalisatrice britannique. Carey Mulligan y excelle en jeune étudiante naïve dans le Londres des sixties, et la critique s’y fait aussi acerbe que les images sont belles…
Clara Fornairon