Cin(o)psis
Dans Still The Water, Naomi Kawase filme une cohabitation empreinte de poésie entre les protagonistes et l’imminence d’une nature déchaînée dans les îles Amami, au large de l’archipel japonais. Le choix de ce lieu permet de mettre en lumière un Japon rural – quasi idyllique – opposé à un Tokyo bruyant et mouvant qui fait irruption durant une courte séquence.
Au milieu de cette nature – furieuse de simplicité – l’intrigue porte sur la relation amoureuse naissante entre Kyôko et Kaito; deux adolescents qui vibrent au rythme des vagues. La thématique de la mort est omniprésente puisqu’elle ouvre brutalement le film avec la découverte par Kaito d’un cadavre dans la mer puis elle vient lentement embrasser la mère de Kyôko. On retiendra de la mort, cette scène sublime durant laquelle la mère de Kaito agonise paisiblement, accompagnée des chants traditionnels de ses proches qui l’accompagnent durant son dernier voyage.
En filmant le bruit du feu et la force des vagues en parallèle de nos deux protagonistes qui découvrent la nature éphémère de la vie humaine, Naomi Kawase réussit à nous faire ressentir – avec le son du silence et l’innocence d’un sourire – le passage furtif mais infini de la vie.
Promesse d’humilité
Dès la première scène du film, en laissant les vagues imposer leur rythme à sa caméra, Naomi Kawase annonce d’emblée la règle de ce monde: l’humilité face aux tumultes de la nature.
Evidemment, il est tentant de vouloir voir dans ce film un écho au Tsunami de 2011 ou encore une évocation à la catastrophe de Fukushima. Cependant, la poésie de Still The Water transcende cette actualité en s’inscrivant dans une démarche intemporelle propre à un univers panthéiste (doctrine qui ne reconnaît d’autres principes que les forces de la nature). Une philosophie que l’on décèle également dans la filmographie de Hayao Miyazaki, en particulier dans Princesse Mononoké qui illustre métaphoriquement une quête vers un mode de vie en harmonie avec l’ “Uni-vert“.
Ajoutons que dans ce monde, un véritable culte est voué aux dieux de la nature que l’on retrouve présents à travers de longs plans sur des montagnes verdoyantes et sans fin, sur la mer tantôt furieuse tantôt paisible, sur les tresses géantes que forment les branches d’un banian, ou encore à travers le passage furtif d’un crabe sur une plage de galets…
Cruelle spiritualité
La beauté de Still the Water repose dans la violence des séquences qui le composent; les giclées de sang sur le pelage immaculé d’une chèvre qu’on égorge, la mer déchaînée qui écrase et recrache les Hommes, ou encore la lente agonie d’Isa (la mère de Kyoko), sublimée par les chants traditionnels et l’acceptation sereine d’une mort certaine dont fait preuve la shaman.
La grande force de Still The Water est qu’il s’édifie comme un chef d’œuvre cinématographique sans jamais vouloir éblouir, mais en nous susurrant de bien vouloir contempler cette poésie pudique de la vie quotidienne, de la vie tout court.
Acceptez de vous laisser envahir par le cinéma de Naomi Kawase, laissez vous aspirer par ce typhon poétique, vous n’en sortirez pas indemne – bouleversé peut être, mais heureux, surement .
Timothée Gutmann
J’avais déjà très envie d’aller le voir mais là encore plus!
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