Pour bon nombre d’entre nous, Halloween rime avec frayeur-entre-copines, l’angoisse commence dès le choix du film à diffuser. Alors que Marie-Cécile ne supporte pas les films gores, Julie ne peut « vraiment pas » regarder un film paranormal puisque déjà l’évocation de Casper l’apprenti fantôme la fait sursauter (prière de rire à cette petite blague).
Ramène les popcorns parce que Lynne Ramsay a la solution ! We need to talk about Kevin, adaptation du roman de Lionel Shriver, est un thriller dramatique à vous faire froid dans le dos.
L’histoire se construit autour de la question de la relation mère-enfant, mais revisite ces liens du sang par le détour de la haine. Alors que Kevin (incarné par Erza Miller) commet l’irréparable, sa mère (Tilda Swinton, merveilleuse et glaçante) se questionne sur sa propre responsabilité par une anamnèse, très justement façonnée par une succession de flashbacks. Comment son enfant, le prolongement de son être, le moyen par lequel l’Homme transcende son rapport au monde et au temps et s’émancipe du… (pardon, je m’emporte…) peut-il devenir un monstre ?
Au-delà d’un scénario intelligemment ficelé qui semble réinvestir une question très freudienne, à savoir l’importance des traumatismes psychologiques subis durant l’enfance, l’atmosphère est pesante. Les regards échangés entre les deux personnages principaux sont à chaque fois des quasi-joutes visuelles, et renforcent la dimension malsaine de leurs rapports et le malaise ressenti par le spectateur. Dès les premières scènes, l’omniprésence du rouge interroge, autant qu’elle dérange, un spectateur qui pressent une tragédie à venir. L’intuition du public ne se concrétisera pourtant que dans les dernières minutes d’un film qui joue la partition du suspens à la perfection.
Suspens, drame, incarnation du mal en culotte courte, sociopathie, tous les ingrédients sont réunis pour convaincre les copines de passer un Halloween terrible en compagnie de Kevin !
Aline Nippert